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Arrête Kuffner-Mont blanc


Participants : Damien, Cyrille, Tristan et  Martin en bon jurassien « mi homme  mi sapin » !
Cotation : Difficile (donc pas trop dur, mais engagé)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme beaucoup de grandes courses en montagne tout a commencé par un rêve,

des noms, des lectures et enfin un projet !
Voici en  rouge l’itinéraire de l’arrête Kuffner, projet que nous avions en tête depuis au moins deux ans ! En montagne il faut savoir être patient !
C’est vrai que vu de  loin c’est excitant, mais ça fait quand même se poser quelques questions !
Ce we là, les conditions en montagne annoncées étaient optimales, restait à rassembler une équipe « d’optimistes audacieux ».  
Le RDV est fixé au Jeudi 21 Juin, 20h à Chamonix ! Jour de la fête de la musique,  haïe… Il est 21h, nous avons bouclé les sacs et mangé des pâtes ! On va boire un coup ? On sent Martin chaud braiseux,  il doit récupérer une voile pour demain et voir une petite (je ne sais pas ce qui l'excite le plus!).



Vendredi 22 Juin 2018
Première vérification, Martin est ‘il rentré ? En effet, on l’avait laissé la veille au bar…. Martin est bien là, …il dort dans une 308 dont l’état intérieur se passe de tout commentaire ! Tristan se charge du réveil, en douceur, je vous laisse imaginer. Un mugissement retentit :
" trop tôt les gars! je dors!" couché 3h du mat, la tête à l'envers et le pire c'est qu’il n’a même pas dormi chez l'habitante.

Direction la gare routière pour prendre un bus qui nous mènera en Italie, à Courmayeur. En effet,  l'aiguille du midi est fermée depuis un moment pour problème technique. Il fait 28° et on est encore avec les skis sur le dos ! Petite précision que nous ne vous avions pas dite, on fait suivre les skis car  on compte bien skier la face nord du Mont Blanc !

La matinée débutera par des négociations avec le chauffeur du bus, car Tristan ayant eu la bonne idée de voyager sans document d’identité, il risque de lui être compliqué de passer la frontière au vu du contexte actuel. Nous finissons par embarquer tous dans le bus. Ouf ! Il a bien failli se retrouver à faire du stop au tunnel…pour l’anecdote, ce qui nous a sauvé c’est que  le retour en France se fera en ski par les montagnes. Vous comprendrez la tâche délicate pour expliquer cela au chauffeur à cette saison.

Dans la continuité des boulettes, l’ami Tristan ayant mal fermé sa poche à eau, une partie du liquide viendra quelque peu humidifier ma doudoune, mais pas de panique... une pause au soleil, le temps que Tristan s’achète des piles (il était temps dit penser) réglera le problème. On prendra ,sec et bien au chaud, la benne italienne pour atterrir à la pointe Helbronner (3462 m), puis par un ascenseur, nous descendrons directement au refuge Torino. Après cette longue montée et cette éprouvante descente voici le tarif : 5h de sieste pour tout le monde ! du jamais vu et sans aucun effort physique !

Séance bronzage sur la terrasse du refuge en fin de journée, nous contemplons les nuages qui dansent sur l’envers du Mont Blanc. Après un bon gueuleton de pâtes al dente, tous au lit!

Après quelques heures de sommeil, il est déjà samedi. La journée commence tôt puisque à minuit nous prenons déjà le petit déjeuner dans une ambiance bonne enfant. Tout le monde semble joyeux et détendu. C’est donc serein que nous partons ski au pied à 1 heure du matin ! Martin prend le temps de fumer sa roulée tout en skiant,  direction notre objectif la kuffner!  Une autre cordée sera avec nous tout le long de l’itinéraire.

Après 1h30 de ski nous voilà au pied de la voie, on s'équipe et on met ces foutus skis sur le dos ! Je ferai équipe avec Cyrille, Damien et Martin ensemble. Avec nos petites frontales, nous éclairons un mur de neige qui marque la rimaye (repérée de loin la veille quand même). Nous obliquons à gauche où çà  passe super bien! et on enchaine le couloir comme des fusées, en corde tendue évidemment.
On ne tirera aucune longueur, Cyrille me rallant dessus pour que je mette des points. Je tiens à compléter les propos de Tristan, nous avions déjà parcouru plus de la moitié de l’arrête quand j’ai commencé à lui demander de mettre des protections ! Faut dire que quand le jour à commencer à se lever, j’ai vraiment réalisé où nous étions et soudain j’ai senti le vide devenir plus profond autour de nous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ici nous venons de contourner l’androsace qui constitue l’un des points délicats de l’ascension. Les équipes marchent bien et on monte super vite. Tellement vite que l'on arrive au col sous le Mont Maudit au levé du soleil !

Problème,  il parait que les paysages sont extraordinaires sur cette ligne sauf que l'on aura quasiment tout grimpé de nuit, mdr ! Bon, on a quand même assisté au levé du soleil depuis l’arrête : lorsque le Mont Blanc s’embrase avec les premiers rayons du soleil, c’est une scène qui procure toujours une grande émotion!
Tout comme lorsque la chute d’un  gros sérac a balayé la face sud du Mont Blanc dans un nuage de glace et un rugissement glacial. Content de ne pas être là bas !





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous le col du Mont Maudit, il y a encore beaucoup de neige, la progression est facile dans ce terrain mixte. Et Tristan met de temps en temps des protections !

C’est à ce moment là que nous nous trompons d'itinéraire et on redescend 400 m pour rejoindre la voie des trois Monts. Sauf que nous étions déjà bien au delà des 4000m, et là le moral en prend un coup car il faut se remettre 400m pour continuer vers le Mont Blanc en plus de tout ce qu'il reste derrière.




 


 

 

 

 

 

 

 


Descente en rappel, enfin pour moi et Tristan  seulement car le chef hurle devant « oh cà passe en ski !». Il n’en fallait pas plus pour que nos deux amis dégainent leurs skis et nous enfument à la descente. J’en reste encore un peu médusé.

Il va s’en suivre une longue remontée et nous commençons franchement a être exténués, cela fait 10 h que nous sommes en activité. On ne peut toujours pas mettre les skis et les sacs commencent à nous peser,  faut dire que l'on c'est un peu raté sur l'estimatif de la quantité de bouffe, on a tous 600 grammes de saucisson, 1kg de fromage et 500 g de taboulé. On se croirait à une sortie gastronomique de l'Alpina! il manque que le rouge, mais ça c'est le père qui s'en charge d'habitude...

On n'en peut plus, la tête nous vrille et on n"avance plus (dixit Tristan).

Le vent et le froid (-13 degrés) viennent s’additionner à la fatigue. Tristan commence a avoir sérieusement froid aux doigts…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Nous poursuivons notre belle randonnée en haute altitude entre 4400 et 4500m encore une bonne heure, mais à tous petits pas. Nous avons l’impression d’avoir du plomb dans les pieds et toutes les 10 m nous devons faire un stop pour reprendre des forces.

Lucides, nous savons tous qu’il est impossible de faire demi tour et que la meilleure option consiste à rejoindre la face nord du Mont Blanc pour enfin chausser les skis ! C’est à ce moment là que nos routes se sont momentanément séparées. Damien et Martin étant plus en forme, ils ont poursuivi leur effort jusqu’au sommet ! Encore bravo !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Au final ,avec Cyrille, on s'arrêtera 200 m sous le sommet, trop fatigués pour aller au bout et surtout pour assurer la longue et exposée descente de la face nord, avec encore des passages en poudreuses ! La raison l’emporte sur la passion, …à méditer.

Au vu de la taille des séracs sous lesquels nous sommes descendus tout du long, vous comprendrez que nous ne nous sommes pas éternisés pour faire des photos ! Mais quelle descente, dans un décor tout simplement sublime ! La haute montagne reste quand même un autre monde…
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Une petite sieste (bien méritée) à même le glacier, nous a permis de recharger un peu les batteries et surtout de nous débarrasser des nausées et du mal de tête qui commençaient à sérieusement nous affecter là haut.

Retrouvaille au grand plateau  a environ 4000m avec Martin et Damien. Derrière le sommet du Mont Blanc et la face nord que nous venons de descendre en ski ! Yes ! Tristan et moi-même à gauche du gros rocher noir au milieu des séracs et nos deux compères ont pu passer à sa droite depuis le sommet.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La photo souvenir de leur passage au sommet. Noté le pantalon vert sapin de Martin, la classe !

La suite est simple, Martin décolle en parapente sous la face nord, on le regarde avec une petite larme de jalousie car pour nous après 2400m de descente en ski jusqu’au plan de l’aiguille il reste encore 1200m de descente  , mais à pied jusqu’à Chamonix ! Benne en panne oblige !

Je vais rapidement passer sur notre traversée de la « jonction » avec les frères Noyrigat.
Juste pour ceux qui ne connaisse pas « la jonction » c’est une zone où deux glaciers se rentrent dedans, ce qui forme un vaste champ de blocs de glace, de crevasses, …et que tout les topos recommandent la plus grande prudence pour sa traversée, mais les frères Noyrigat ne l’entendaient pas ainsi et voulaient passer en ski, tout simplement !

Etant le plus âgé du groupe, je me suis quand même permis de leur suggérer d’enlever les skis et de sortir la corde, mais il a fallu qu’ils vérifient par eux même que remonter des blocs de glace de 5m en ski était impossible, quand à traverser la jonction sans sortir la corde je peux vous confirmer que cela se fait, la preuve !

Moralité de cette petite histoire, le jour où tu es en montagne avec l’un des frères Noyrigat et qu’il te suggère qu’il faut la corde, n’hésite pas une seconde, dit oui !! Car chez les Noyrigat on ne sort pas la corde du sac pour rien ! Aller sans rancunes, mais prudence quand même.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Martin visiblement euphorique de son décollage au beau milieu de la face Nord du Mont Blanc. Quand à nous ,on est encore là bas tout au fond au milieu de cet océan de glace.

On arrive au bout du roulot à cham, cela fait 19 h que l’on crapahute. Quant à  Martin il s’est quand même mis une gauffre à l’atterrissage ski au pied, puni de nous avoir laissé la haut .

On a quand pris le temps d’aller fêter ça tous ensemble autour d’une bière !








Noyrigat Tristan et Soulier Cyrille


 


Lu 1154 fois Dernière modification le dimanche, 06 janvier 2019 23:11