samedi, 01 octobre 2022 15:47

Beauté dégoulinante

Beauté dégoulinante

 escalade caroux alpina

Douce mélodie des chutes d’eau japonisantes et clapotis sur des vasques en decrescendo.
Les bouées gonflables et les glacières aux couleurs joviales annoncent un pique-nique bucolique au bord de l’eau. Sol en béton (ciré) et jardins verticaux sur des murs en dalles de granit tirées à quatre épingles.
Les gorges d’Héric le troisième week-end de septembre, c’est un peu comme rentrer dans un centre commercial 3 jours avant Noël. Tout est beau pour être heureux. Nous, on est trois lutins à contre courant. Hipsters montpelliérains à l’intelligence capillaire et louloutes sétoises au teint sur-bronzé, c’est un flot de sourires qui déferle vers nous après un si belle journée.
Dans notre hotte, cordes et baudriers, coinceurs et clochettes, réchaud et bûches glacée pour un bivouac sur le toit des Aiguilles du Rieutord.
Piiing ! Une note appuyée s’annonce nôtre ascenseur vers les étages supérieurs. A l’intérieur ce n’est pas la même musique, les gros blocs de gneiss ont remplacé la musique jazzy. Les hottes sont lourdes, nos pas sont appuyés. Je ne suis pas sûr qu’un traîneau puisse passer, il va lui falloir un attelage de rennes survoltés. Les étages défilent, et enfin les portes s’ouvrent sur un beau dièdre qui marque l’attaque de l’Arête des Charbonniers. On décide de grimper en réversible, mais encordé en flèche. Sébastien, le troisième grimpeur se verra obligé de retourner son encordement à chaque longueur pour coller aux leaders.
Piiing ! Philippe appelle l’ascenseur et je m’engage dans la première longueur. Le rocher est bon, les situations de protection sont nombreuses, les coinceurs se posent facilement.
Philippe paye l’addition d’un beau mur qui mène à une brèche surplombant le ruisseau des Charbonniers. Au fond du ravin, 4 lutins semblent chercher leur chemin de descente au travers de dalles équipées de chaînes. De notre côté ont enchaîne de belles terrasses aux relais irréprochables sur des arbres. À cet étage, les arbousiers ont remplacé les sapins.
Notre progression est une lutte contre la course du soleil, chaque longueur nous offre quelques minutes de plus avant que l’Espinouse nous vole ce qu’il reste de lumière. Bientôt, devant nous il ne reste plus que le halo de nos frontales. Combien de longueurs reste-t-il ? Nous nous sommes perdus dans les étages. Enfin, le sommet se présente silencieusement, il n’y a tout simplement plus rien au dessus de nous. La nuit vient de nous offrir notre lot d’émotions !
La "salle à manger" est à quelques mètres de dé-escalade, on va enfin déposer nos chaussures au pied du sapin.
En bivouac "Grandes Jojo", on est comme tous les minos le soir de Noël, impatients, on souhaite que la nuit finisse le plus rapidement possible.
Les grimpeurs du dimanche sont arrivés bien avant l’heure de la messe.
Piiing ! On est maintenant 9 lutins à rentrer à l’intérieur. "Charge maximum : 300 kg" annonce le texte situé sur le mur du fond. Un panonceau en bois nous accueille au pied du grand dièdre de la Déplasse. Cette face de 150 m de gneiss aux allures de tafonis corses va nous amener jusqu’au sommet du plateau du Caroux. L’arête est aérienne, un rocher plus compact qui laisse peu de choix dans les protections mais qui nous offre une escalade fluide et sans difficulté. 40 étages dans un ascenseur panoramique qui n’a rien à envier à ceux des plus hautes tours. Dans nos pieds, le fil de l’Arête des Charbonniers se dessinent entre ombre et soleil. 800 m plus bas, une veste rouge, un homme, le ruisseau d’Héric se réveille en attendant les yeux émerveillés des enfants.
Le roof top de l’Aiguile Déplasse est une longue arête horizontale de 100 m. Un petit rappel termine la voie au milieu des alisiers, des bruyères, et des chênes verts ; un véritable jardin suspendu.
Le sentier de retour est peu marqué, il faut rester en permanence sur le qui-vive au prix d’un aller-retour dans les rayons.
En traversant le ruisseau deux heures plus tard, on échange un regard complice avec un petit gars qui venait tout juste de donner sa liste à l’homme aperçu depuis le sommet.
Pour nous aussi, c’était Noël avant l’heure !

Les lutins sont, Phillippe et Sébastien le 1er, Robert et Sylvain, Nicolas et Sébastien le 2ème, Thomas et Damien. Chef de course, Loran.
Les spéc : Enchaînement de l’arête des charbonniers AD-, 5a, 200 m et de l‘aiguille Déplasse AD, 4, 150 m et bivouac en falaise pour les 3 grimpeurs du samedi.

escalade alpina caroux

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Publié dans Actualités Escalade
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